Premier en mode et en cuisine. Désormais sur le Curriculum Vitae de la France il faudra rajouter que les Français sont aussi les premiers à avoir organisé le Salon de la Mort. Jean-Pierre Jouët nous raconte l’aventure.
C’est mon associée Jessie Westenholz qui a eu le déclic à la suite de plusieurs expériences personnelles de décès dans sa famille. Son père, son frère, mais surtout sa mère qui vivait avec elle depuis 15 ans, et qui lui a montré ce que pouvait être la fin de vie exemplaire de quelqu’un qu’on aime. C’est comme cela que c’est imposé, non pas une idée de salon, mais plutôt un besoin de salon.
Premièrement, la mort c’est provocateur et deuxièmement, j’ai vécu toute ma vie en trainant avec moi une injustice. Les gens pensaient que parce que j’organisais des salons je faisais quelque chose de purement mercantile. J’ai monté vingt huit salons différents, celui du livre, la Fiac, le salon Nautique et beaucoup d’autres, avec la même arrière-pensée, une idée culturelle. Cela me révoltait quand on nous traitait systématiquement de « marchands de soupe ». Notre but a toujours été de vendre de l’esprit professionnel. Le Salon de la Mort est provocateur pour ceux qui veulent être provoqués. Notre objectif, c’est d’inciter un certain nombre de gens à réfléchir d’une autre manière. Mais surtout d’aider les petits exposants éminemment utiles, mais manquants de moyens, à se faire mieux connaitre. Les associations qui se batttent pour le respect de la personne humaine, les dons d’organes, les écrivains conseils qui recueillent la mémoire, les unités de soins palliatifs, Les Petits Frères des Pauvres qui invitent des personnalités à témoigner sur la nécessité d’accompagner jusqu’au bout etc. Ils vont pouvoir montrer avec une grande clarté tous les services qu’ils peuvent apporter. Le salon va aussi permettre aux professionnels de ce secteur de se rencontrer.
La première mission d’un salon, c’est de donner de la cohésion à une profession, mais cela c’est la conséquence. Le but du salon de la mort c’est de s’adresser au grand public, et pour l’instant, c’est la grande inconnue. J’en saurai plus à la clôture, c’est-à-dire dimanche soir. Ce dont je suis absolument certain, c’est que l’on va recevoir un public très varié. Les sociétés comme les Pompes Funèbres Générales ou Roc-Eclerc ont envoyé beaucoup d’invitations. Il y aura sûrement une grande quantité de professionnels, ne serait-ce que par curiosité et pour pouvoir dire, j’y étais. La première chose contre laquelle nous souhaitons nous battre, c’est Le Tabou avec un grand T, celui qui considère que l’on ne doit pas parler de la mort. Et les nombreux mails que l’on a reçus reflètent parfaitement la situation. Par exemple celui d’une jeune femme qui nous raconte qu’elle a perdu son mari il y a six mois et que depuis ses meilleurs amis l’évitent soigneusement. « J’ai envie d’en parler, eux n’ont aucune envie de m’écouter. »"
Cela dépend de quel point de vue on se place. Nous organisons le Salon de la Mort comme nous avons toujours organisé les salons en sélectionnant soigneusement les exposants et en essayant de leur apporter le plus grand nombre de visiteurs intéressants, donc intéressées. Dans ce salon particulier, évidemment il y a sans doute plus de profondeur dans l’approche et un grand désir de convaincre, que quand il s’agit uniquement de vendre des mètres carrés. Et, croyez moi, les mètres carrés d’un premier salon comme celui là sont très difficile à vendre souligne JP Jouët. C’est le premier Salon de la Mort dans le monde, et il n’y a aucune autre expérience à laquelle les exposants peuvent se référer. Un de nos premiers types de clients devrait être les sociétés de prévoyance qui sont, si j’ose dire, aux premières loges et presque toutes nous disent qu’elles préfèrent ne pas faire leur promotion sur ce thème. La nouveauté les effrait, pour l’instant beaucoup sont sceptiques, qu’ils soient professionnels ou particuliers. Mais ce dont je suis absolument certain, c’est qu’ils viendront tous visiter ce salon.
La rédaction Le Funéraire
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